Mon processus créatif
Les créations proposées par Atelier Akane sont réalisées à partir de tissus teints naturellement, c’est-à-dire grâce à des végétaux ou insectes ayant un pouvoir tinctorial. La teinture végétale nécessite de nombreuses étapes préparatoires afin de permettre aux principes tinctoriaux de se fixer de manière durable sur les fibres. Je vous expose ici les différentes étapes jalonnant mon processus de teinture végétale.
1. Le choix des tissus
La teinture végétale et naturelle requièrent l’utilisation de fibres naturelles, qu’elles soient végétales (coton, lin, chanvre…) ou animales (laine, soie…). Afin de limiter l’impact de mon activité, je privilégie l’emploi de tissus chinés (Emmaus, recyclerie, brocante), de tissus certifiés bio, de tissus éco-responsable (lin français ou européen, chanvre, coton Kala), ou de tissus upcyclés issus des fins de série de maisons de couture.
Il faut savoir que la culture conventionnelle du coton est une des plus polluantes au monde, car très consommatrice en insecticides et herbicides. Par ailleurs, la culture du coton, qu’elle soit bio ou non, impacte la ressource en eau. Ainsi, 1 kg de fibres de coton requiert pour sa culture environ 8000 L d’eau. La culture coton Kala, variété locale cultivée en Inde, ne nécessite en revanche aucune irrigation ni intrant chimique.
2. Le décatissage
Avant tout traitement du tissu, il est nécessaire de le décatir afin d’assurer la meilleure absorption des mordants et de la teinture sur le tissu. Le décatissage permet d’éliminer toutes les substances présentes à la surface de la fibre qui pourraient faire barrière avec la teinture. Pour ce faire, je fais bouillir les tissus avec des cristaux de soude puis je rince à plusieurs reprises les tissus, éliminant ainsi tous les résidus.
3. Le mordançage
L’étape du mordançage est cruciale. Elle va permettre à la teinture de se fixer sur la fibre de manière durable, et d’assurer une solidité aux lavages et à la lumière. Les mordants permettent de faire un pont entre la fibre et les pigments naturels. Dans la plupart des cas, je réalise un double mordançage. Dans un premier temps, je plonge mes tissus dans un bain de plante à tannins, ces derniers ayant une affinité particulière avec les fibres de cellulose. Puis je plonge mes fibres dans un bain composé principalement d’alun.
A noter que l’étape du mordançage n’est pas nécessaire pour la teinture à l’indigo qui est une teinture de cuve. Lorsque l’indigo est solubilisé dans l’eau, le pigment va venir se fixer à la surface de la fibre et se révéler lors de son oxygénation à l’air.
4. La création des motifs
La teinture végétale est un médium qui appelle à la créativité, ses applications sont multiples. J’utilise différentes techniques dans le cadre de mes crétations textiles : la technique de pliage et compression du tissu avant la teinture (appelée shibori), l’application d’une pâte de mordançage ou d’une encre végétale ou encore la technique de l’écoprint (impression végétale).
J’apprécie particulièrement explorer les multiples méthodes de shibori : par pliage (itajime shibori), coutures sur plis en accordéon (katano shibori), fronces du tissu (mokume shibori), etc… Ces différentes méthodes de compression engendrent des réserves dans lesquelles la teinture ne pourra se déployer. Ce sont des étapes préparatoires à l’étape de teinture qui demandent du temps et de la patience.
5. La teinture végétale
Vient ensuite l’étape tant attendue de la teinture ! Il est nécessaire dans un premier temps de réaliser le bain de teinture par décoction et/ou macération des plantes, fleurs, racines, insectes (pour le cas de la cochenille). Cette étape peut prendre de plusieurs heures à plusieurs jours en fonction de la matière tinctoriale.
Le bain de teinture étant réalisé, je peux enfin plonger mes tissus et les y laisser chauffer 1 à deux heures. Généralement, je laisse mes tissus refroidir dans le bain, cela renforce la couleur. Après un ou deux bains de teinture, il est possible de récupérer les pigments tinctoriaux restants afin de créer une encre végétale. J’applique généralement ces encres au pochoir sur tissu préalablement mordancé.
Le cas particulier de l’indigo
Contrairement aux autres principes tinctoriaux, l’indigo n’est pas soluble dans l’eau naturellement. Les textiles ne peuvent donc être teints par bain de teinture classique. Pour rendre l’indigo soluble, il est nécessaire de créer une “cuve” dans laquelle sera créé un milieu alcalin et réduit en oxygène. Les trempages successifs du tissu dans la cuve à indigo suivi de son oxydation à l’air le coloreront durablement en bleu.
6. Nuançage et affinage
Il est possible de nuancer la couleur initiale en faisant varier le pH ou en plongeant le tissu teint dans un bain de sulfate de fer. Ce dernier va permettre de foncer les couleurs.
Suite à la teinture et aux potentiels nuançages, les tissus sont rincés puis sont laissés plusieurs jours au repos avant d’être travaillés.
7. Et enfin la confection !
Mes tissus sont teints, je peux enfin les travailler pour confectionner les accessoires de mode et de décoration que je propose dans ma boutique !